Autour du pot avec COMBO

0 Posté par - 12 juillet 2012 - INTERVIEWS

Aujourd’hui rencontre avec, n’ayons pas peur des mots, un des street artists les plus talentueux de la scène hexagonale. Que ce soit dans le style, les idées, les concepts, COMBO mélange génie et culot.

Plein d’humour, dans son travail et dans la vie, il n’en reste pas moins l’un des artistes les plus engagés, en témoigne son action à Tchernobyl.

Vandale, conscient et intègre, il nous explique sa vision, ses envies et ses messages.

D’ou viens-tu ?

« On va dire que je suis un ancien graffeur et néo street artist. Ça fait en gros huit ans que j’évolue dans ce milieu. »

Qu’est-ce qui t’as amené à la rue ? 

« J’avais une prof que je détestais à l’école et un jour j’ai décidé d’acheter une bombe de peinture pour lui « retourner » sa voiture. Pas de chance j’ai jamais trouvé la voiture, du coup je me suis retrouvé avec une bombe entre les mains qu’il fallait bien que j’utilise. Sinon le graffiti, la rue, l’aventure, étaient les premiers moteurs. Le genre d’aventure de vie que l’argent ne peut t’offrir. »

Tes motivations ?

« Ce qui m’anime c’est tout d’abord un devoir de vérité. Pour moi le Street Art doit être engagé, c’est un devoir, j’ai rien à gagner (ou pas grand chose) et tout à perdre au final. Je suis animé par une quête de la vérité. Il y a des trucs pour lesquels je me dis « tiens je suis sûre de ça » et j’ai envie de le faire partager alors je m’exprime dans la rue, je partage ma vision des choses. Je peux mettre des mois avant de sortir une image qui finira dans la rue. J’ai un oeil assez critique, je cherche à lever le voile sur certaines duperies et (re)donner aux gens l’envie de se poser des questions. Après je ne sais pas si j’y arrive mais en tous cas j’essaie.  »

Tchernobyl ?

« Je suis allé coller à Tchernobyl pour plusieurs raisons. Je  voulais prendre la parole sur un sujet qui a été très mal traité depuis Fukushima. Je me suis énormément renseigné sur le nucléaire, le fonctionnement, l’argent qui gravite autour, avant de me rendre sur place. C’était important pour moi. D’ailleurs plus je me renseignais, plus ça avait l’air impossible à réaliser. Plus c’était dangereux et interdit, plus j’avais envie d’y aller. Je voulais apporter un autre point de vue sur le sujet et ces catastrophes. Je pensais naïvement que ça me permettrai de prendre la parole sur ce sujet et que j’aurai pu dire ce que très peu osent dire sur le systéme politicomafieux qui gère l’industrie du nucléaire. J’ai scier une dizaine d’affiches de pubs d’Areva, Tepco,Suez… Mais ce qu’on a retenu ce fut une affiche des Simpson posant devant une centrale. Au final j’ai voulu informer et je n’ai fait que divertir. Les questions que l’on m’a majoritairement posé furent « êtes-vous irradié ? » et « vous êtes-vous fait poursuivre par des zombies ou des enfants à 3 jambes? » alors que j’y suis allé pour marquer les esprits et dénoncer l’argent dans cette histoire. »

Ton rapport aux cartoons ?

« Ce que j’aime avec les cartoons c’est la notion du dénominateur commun et que ça attire l’oeil. C’est le punctum de Roland Barthes, en d’autres termes, mettre un objet dans une image qui ne lui correspond pas. Exemple : Ben Laden portant un masque de Jerry (NDLR: la souris dans Tom et Jerry). »

Encore plus marquant, ces visages de Donald, Mickey ou Pinnochio, constitués en réalité de chefs d’états comme Sarkozy, Berlusconni, Poutine (la crème de la crème oui)…

Interview « Si tu étais » :

Obey ? « J’aurai 40 assistants, un pour me tenir la brosse, un pour la plonger dans la colle, un pour coller le mur… »

Kidult ? « Je ferai une sextape avec Marc Jacobs et je la mettrai sur le net pour me faire de la thune avec. »

Banksy ? « J’arrêterai d’envoyer des textos à COMBO pour lui dire que son travail est pas mal. Cet enfoirer se la raconte trop ! »

JR (le photograghe) ? « Je m’achèterai un appareil photo en couleur. On est en 2012 merde ! »

Blek le rat ? « Je ferai la guerre à Banksy, un combat Street Art, un truc du genre Mohamed Ali contre Joe Frazier sous un deluge de bombes nucléaires. »

Nadine Morano ? (rires) « J’arrêterai de tweeter. »

Un quartier ? « Château Rouge et je serai un magasin de zouk tenu par un coréen. »

Des projets ?

« Je souhaiterai arriver à quelque chose de participatif, varier les visuels et les techniques. Je n’ai pas peur de me louper, ça fait partie du truc. »

Le mot de la fin ?

« Le Street Art pour moi rime avec militant, engagé. La rue est un espace public, y aller c’est déjà être engagé mais l’image, l’oeuvre, qu’on dépose doit elle aussi être engagée. »

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