Autour du Pot avec Kaï Aspire

1 Posté par - 12 mai 2013 - INTERVIEWS

C’est une première, et sûrement pas une dernière, car c’est un « jeune » street artist américain, nous venant tout droit de Los Angeles, que nous avons rencontré il y a peu à Paris.

Son nom ? Kaï Aspire. Un artiste conscient, engagé, avec un œil critique et une vision acérée envers la société dans laquelle il évolue. Kaï est un touche-à-tout, évoluant entre peinture, sculpture, moulage et collage. Pas très étonnant finalement pour cet étudiant en Art qui à gagné un concours dans son école aux Etats-Unis, lui permettant d’étudier pendant un an à l’école des Beaux-Arts de Paris, s’il vous plait.

Méfiant, il a « peur » des photos et ne publie pas systématiquement ce qu’il produit, craignant qu’on lui vole ses idées, préférant laisser ses œuvres, qui se font parfois arracher en quelques heures, à la rue.

Mêlant expériences personnelles et sociologie, voir Histoire, il nous explique ses choix et le pourquoi de ses différents travaux.

Pourquoi avoir choisi la rue ?

« J’avais 15 ans, mon père fumait et je voulais qu’il arrête, alors j’ai décidé de faire une toile en détournant un paquet de Marlboro pour le transformer en Morrons, qui signifie « imbécile ». Il a été tout d’abord choqué, mais au final ça lui a plu. Il m’a dit: « Pourquoi tu ne mettrais pas ce détournement dans la rue ?! » et c’est ce que j’ai fait.

Il y a des pubs pour les cigarettes aux USA alors pourquoi ne pas mettre des affiches contre ? A la suite des collages dans la rue, j’ai reçu pas mal de mails et des mots de remerciement, ça m’a donné envie de continuer. Tu deviens petit à petit accroc à la rue. En parallèle je jouais au football dans une équipe et j’avais comme ambition de continuer au lycée. J’avais donc d’un côté l’Art et de l’autre le sport, mais une grave blessure aux ligaments croisés m’a empêché de continuer le foot. En quelque sorte c’est l’Art qui m’a choisi ! »

Sa démarche ?

« Je connaissais Banksy, Invader… et j’aimais leur manière d’opérer.  J’aime les messages simples. Je veux planter une graine dans l’esprit des gens et qu’elle se développe, mais si tu ne veux de cette graine ce n’est pas grave, tu as toujours le choix. J’ai donc choisi des marques fortes pour les détourner et marquer les gens en réalisant de grandes fresques pour appuyer mon message. »

Ses projets :

« Le projet Morrons, comme je l’ai expliqué, était en lien direct avec mon père, c’est le début, la base. Puis j’ai pris Camel qui devient Cancer. J’ai ensuite détourné les téléphones Blackberry avec le slogan « Save Urself ».

Camel > Cancer.

Dans mon entourage et plus généralement dans la société, j’ai remarqué que les gens passaient plus de temps sur leur téléphone qu’avec les gens eux-mêmes. On est de plus en plus dépendant des smartphones et c’est devenu très chronophage.

Blackberry avec le slogan « Save Urself ».

Aux Etats-Unis, nous avons de gros problèmes avec tout ce qui est crédit et cartes de crédit. C’est donc logiquement que j’ai utilisé American Express pour la transformer en Bankrupcy Express en remplaçant « nom du titulaire » par « Victim Name ».

J’essaye de faire prendre conscience aux gens des dangers que nous tend cette société de consommation, un peu à la manière d’un ange gardien. Un peu comme les anti-pub à Paris. Je pense que les marques ont tendance à nous prendre pour des cons, c’est d’ailleurs ce que j’ai souligné avec Chanel qui devient ClassiCon, car les marques de luxes vendent une fortune des produits qui ne valent pas la moitié de leur prix. »

Pourquoi des rappeurs montrés comme des rois ?

« Aimant l’Art et ayant de la famille française, je suis parti du constat que la France, contrairement aux Etats-Unis, a une véritable histoire, une véritable culture et surtout a connu la monarchie. A l’époque on écoutait les rois, on voulait leur ressembler, ils détenaient les richesses. Les rois avaient de l’influence.

Sa majesté Pharrell.

Pour moi les rappeurs sont en quelque sorte la nouvelle noblesse et j’ai voulu établir un parallèle entre les rois européens de l’époque et les rappeurs afro-américains. J’ai voulu ne mettre que des noirs, là où il n’y avait que des blancs, pour créer notre propre histoire et donc une royauté dans un pays qui n’a pas connu la monarchie. C’est comme palier l’histoire à ma manière. »

2Pac.

Tes impressions sur Paris ?

« Paris a changé ma vie, vraiment. Aux US, tout est plus grand et là, je me retrouve dans un petit appartement, ça change. Je dois parfois choisir entre manger et peindre. A part ça, Paris, c’est comme un retour aux sources. Quand je sors pour coller dans la rue ici, c’est un mélange de kiff et de promenade, c’est une ville magnifique. En France les street artists sont plus calmes, c’est plus un groupe d’amis, aux Etats-Unis il y a plus de règles, il y a moins de toyage, c’est resté un peu plus graff et il y a plus de compétition rapport à l’argent. Ma première sortie dans la rue à Paris c’était avec Combo, qui m’a été présenté par Haki qui habite à Zurich et qui est très important en Suisse. Il connecte les artistes entre eux. »

Quelque chose à ajouter ?

« Pour moi le street artist doit être dans la rue et ne pas l’oublier. Même si tu exposes, continue à t’investir dans la rue. Merci au Diamantaire et à Combo pour leur accueil à Paris et merci à mes oncles et tantes. »

Kaï colle un Morrons aux côtés de Mr Brainwash :

Can’t stop Street Art :

Après avoir posé son BoundBerry géant, il s’est fait toyé et voici sa réponse :

Kai_25

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