Un oeil dans la rue

Quel communicant ce Kidult !

C’est désormais par e-mail que nous avons la chance de découvrir les aventures du Kid. Le bonhomme (et son armée) a du succès et un fan club qui le suit sur la toile, à tel point que son combat se joue aujourd’hui autant dans les rues (Paris, New York, Hong Kong…) que sur les internets. C’est d’ailleurs un des seuls, voir LE seul, qui manie aussi bien communication dans la rue que sur le web.

Plus que la communication, c’est sa marque, son image qu’il gère avec un professionnalisme aujourd’hui un peu trop poussé pour être sincère. Oui, il lui arrive d’organiser des rassemblements pour distribuer gratis ses t-shirts aux hipsters habillés en Obey (de la tête aux pieds comme dirait notre notre Swagg Man préféré) mais il en vend également, comme le ferait une marque. Son combat on le connaît, d’où il vient un peu moins, ce qu’il prévoit pour l’avenir et la finalité de son message, pas trop.

Non on ne veut pas voir sa tête ça on s’en tape, mais la communication dont il fait preuve laisse perplexe. Il décide de tout, c’est hyper verrouillé et surtout il ne passe pas (ou très rarement) par un autre média que son site. Preuve en est avec cette nouvelle vidéo intitulée VISUAL DICTATORSHIP :

Analyse !

Je reçois un mail, car soucieux d’une bonne veille, je me suis inscrit à la newsletter du Kid. Je clique sur le lien et là je m’aperçois que c’est un court métrage de quasiment 14 minutes que je m’apprête à visionner. Images soignées, images chocs, les premières secondes donnent le ton. La guerre, la famine et la pauvreté sont sont les conséquences d’après le documentaire, si l’on peut dire, du règne des marques. Le cheval de bataille n’a pas changé, les marques, la société et Kidult en vengeur masqué de tout un mouvement, de toute une culture, armé d’un extincteur pour braquer les devantures des boutiques de luxe.

Les marques de luxe se réappropriant la culture graffiti, voilà ce qui, à juste titre d’ailleurs, « rend fou » le Kid. Les marques de luxe seulement ? Pas que, car il s’attaque dans la vidéo à Chevron, Coca-Cola et Mc Donalds entre autres. D’ailleurs sur l’affiche qu’il pose, avec inscrit en dessous du M jaune de Mc Do, la mention « consume » me rappelle plusieurs artistes dont un certain ZEVS (mais ce n’est que mon avis hein).

Kidult

ZEVS dont je vous invite à découvrir le travail si vous ne connaissez pas. 

Image soignée, marques ciblées, dégaine assurée, le mec n’a pas l’air d’un prolo ou d’un pur produit de la rue. Il soigne tellement son image et ses actions que certains ont même cru, au début, qu’il y avait une marque ou une agence derrière de telles actions. Et c’est là que le problème se pose, car c’est triste de penser directement à une marque, comme c’est triste d’hésiter et de se demander au final mais qui, pourquoi ?

Le côté « rue », puriste, qu’il dit revendiquer au départ ne colle pas vraiment avec la manière dont sont tournées ses vidéos (hébergées sur Viméo), ni avec l’image qu’il renvoie (cf clip Prince 85  » Heaven  » feat Kidult) sans parler des moyens qu’il utilise et ce même s’il le revendique en disant qu’il va jouer la même stratégie marketing des grandes marques, avoir les mêmes méthodes que les médias pour pirater leurs messages. Et là je ne suis pas convaincu de son raisonnement car en disant qu’il pratique le même dictat que les marques en terme d’appropriation de l’espace urbain, on dirait qu’il s’approprie cette façon d’agir alors que c’est la base même du vandal en terme de graffiti.

Hong Kong, Paris, New York, dans l’entreprise Kidult (on a et) on se donne les moyens, ce qui est plutôt louable, car faire passer les frontières à son message n’est pas toujours évident.

Alors génie, opportuniste ou sincèrement touché, Kidult n’en est pas moins doué. Du coup on en parle et au final il met un peu de piment dans le street art game… Allez Kidult, on VOUS aime.



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